Homelie de Mgr Celestin Hakizimana du 6 Novembre 2015

HOMELIE DU VENDREDI LE 6 NOVEMBRE 2015

Dans la première lecture, Saint Paul nous a parlé de sa mission qui est semblable à la notre. Comme la mission est la même, la façon de la faire devrait être aussi la même. Paul commence d’abord à nous montrer sa conviction: Il est convaincu que les Romains sont très bien disposés, qu’ils sont remplis d’une haute connaissance de Dieu, et qu’ils sont capables de se reprendre les uns les autres. Est-ce que nous, les Romains d’aujourd’hui, nous les missionnaires d’aujourd’hui, nous avons cette conviction? Nous avons de l’estime en vers les gens en vers qui, nous sommes envoyés? L’estime que Saint Paul avait pour eux ne l’a pas empêché de revivre leur rmémoire, de rendre vive leur rmémoire, pour ne pas render vaine la grace que Dieu lui a donnée, la grâce d’être ministre de Jésus Christ pour les nations païennes, avec la function sacrée d’annoncer l’Évangile de Dieu, pour que les païens deviennent une offrande acceptée par Dieu, une offrande sanctifiée par l’Esprit Saint. Saint Paul continue à nous expliquer le pourquoi de son orgueil en Jésus Christ qui a tout mis en oeuvre par lui pour amener les païens à l’obéissance de la foi. Paul a étél’instrument du Christ dans la parole et les actes, dans la puissance des signes et des prodigies, dans la puissance de l’Esprit Saint. La parole directrice qui a empêché Paul à batir sur les foundations posées par un autre est la suivante: “Ceux à qui on ne l’avait jamais annoncé, ils verront; ceux qui n’en avaient jamais entendu parler, ils comprendront”. Demandons d’avoir les mêmes convictions que lui, le meme zèle à devenir l’instrument du Christ ainsi que la même parole directrice

La parabole de l’Evangile d’aujourd’hui nous offre une conclusion inattendue de la part de Jésus: comment Jésus peut-il louer ce gérant malhonnête ? Il est hors de question que ce soit pour avoir trompé et finalement volé son Maître; ce que Jésus veut souligner dans son comportement c’est son habilité à gérer la situation présente, en anticipant un avenir inévitable. Si un gérant malhonnête est capable d’organiser sa vie de manière à assurer un lendemain compromis et meilleur, d’autant plus le croyant devrait-il gérer sa vie ici-bas de telle façon qu’il n’ait rien à craindre du passage dans l’au-delà. En d’autres termes: le Seigneur souligne notre incohérence : nous confessons «Je crois en la vie éternelle», et nous poursuivons notre route ici-bas comme si cette vie terrestre ne devait jamais finir ; ou pire encore, comme si elle débouchait sur le néant. Notre foi ne devrait-elle pas déboucher logiquement sur une réévaluation de nos orientations quotidiennes, de nos priorités, sur base de leur compatibilité avec le Royaume? Nous vivons trop souvent comme si Jésus n’était pas venu, acceptant des compromissions avec l’esprit du monde, et faisant la sourde oreille à la voix insistante du Maître, qui nous avertit à temps et à contretemps.

A un gérant accusé, dénoncéparcequ’ilgaspillait les biens qui ne luiappartenaient pas, ilestdit, après sa convocation: «Qu’est-ce que j’entends dire de toi ?Rendscompte de ta gestion, car tu ne peux plus gérermesbiensdésormais». Selon les études du contexte du Nouveau Testament, les intendants n’étaient pas payésetilsgagnaientleurs vies en prêtant les biens de leurs maîtres à un prix plus élevé. La différence entre le prix reel et le prix de la quittance constituai leur salaire. Les malversations de l’intendantsortent à la lumière et le maître, qui a tout son droit, vient demander les comptes. Il doit procéder à une remise-reprise sans tarder. Le gérantconnaît déjà l’issue de l’affaireet commence à réfléchir à son avenir. “Quevais-je faire? Pensa à haute voix le gérant, il lui manquait la force de travailler la terre, il avait honte de mendier. En toutes choses, il y a du bon et du mauvais, admirons quand même la force d’âme de cegérant, qui trouve qu’il faut faire quelque chose pour préparer son future, il ne s’est pas demandé: “Quevais-je dire? Que vais-je penser? Mais que vais-je faire pour trouver des gens pour m’accueillir chez eux? Vivons-nous nos activités quotidiennes sous le regard de Dieu? C’est sur l’horizon de la vie éternelle qu’il nous faut nous exercer à vivre au quotidien. Le gérant de la parabole, lui, regarde plus loin que nous, et c’est pour cela que Jésus le félicite. Il anticipe la suite et agit de façon cohérente ; il se met en peine pour garantir son avenir. C’est un étudiant intelligent qui est capable de bien copier, un ignorant copie mal et bêtement. Ce type sait bien voler, pour cent barils d’huile, il a demandé qu’on écrive cinquante, pour cent sacs de blé, il a demandé qu’on écrive quatre-vingt. Pour un ignorant voleur, il pouvait écrire partout cinquante ou partout quatre-vingt, il pouvait être bien attrapé à cause de cette similitude.Certes nous n’assurerons pas notre ciel par des actes malhonnêtes, mais si les gens du monde sont habiles à faire le mal pour assurer leur avenir en ce bas monde, d’autant plus « les fils de la lumière» devraient-ils être créatifs pour ne pas laisser échapper l’héritage préparé pour eux dans le Royaume. Nous aussi nous sommes les gérants de la grâce et des dons de Dieu. Le Seigneur voudrait une bonne gestion, claire, honnête et transparente et à ce moment il ne nous convoque pas, mais il nous invite à progresser dans cette bonne gestion.

«Et le maître louacet intendant malhonnête d’avoiragi de façonavisée. Car les fils de ce monde-ci sont plus avisés en vers leurs propres congeners que les fils de la lumière». Le maître admire l’habilité de son gérant pour se procurer un bon avenir, il a suprévenir au lieu de guérir. Dieu louera aussi notre habilité pour chercher chaque jour les biens du ciel. on n’est pas en train de nous dire d’agir de manière injuste dans nos relations, et encore moins envers le Seigneur. Il ne s’agit pas, d’un éloge de la tricherie commise par le gérant. Ce que Jésus exprime par cet exemple est une plainte sur l’habilité que nous mettons à solutionner les problèmes du monde et le manque d’ingéniosité de la part des fils de la lumière dans la construction du Royaume des cieux.Prenons garde à ne pas nous entendre dire: Qu’est-ce que j’entends dire de toi? Rends-moi les comptes de ta gestion, car désormais tu ne pourras plus gérer mes affaires ».

 

Mgr Célestin HAKIZIMANA
Evêque de Gikongoro