Homelie de Mgr Celestin Hakizimana a Kibeho avec CEBAM du CEAM

HOMELIE DU 13 NOVEMBRE A KIBEHO AVEC CEBAM DU CEAM

Dans des circonstances tragiques où lui et sa dynastie sont menacés de ruine, le roi de Juda Akhazi veut se fier qu’à la seule puissance des coalitions militaires. Le prophète, Isaïe, de la part de Dieu, propose un signe surnaturel d’espérance, Dieu va redonner vie à la descendance du roi ; un enfant naitra de sa jeune femme, ou d’une vierge, selon la Bible grecque,signe fragile puisqu’il ne s’agit que de la naissance d’un enfant, héritier du trône, mais signe porteur d’une espérance forte, car Dieu sera avec cet enfant. Il faut savoir en qui l’on met sa foi. Il annonce Jésus, fils de la Vierge Marie.

Le texte de l’Evangile d’aujourd’hui commence en disant que « Jésus parlait encore aux foules », mais ensuite celles-ci disparaissent et Jésus montre seulement les disciples. Ceci peut suggérer que les destinataires ultimes sont les foules. Quelqu’un lui dit : “ Ta mère et tes frères sontlàdehors, qui cherchent à teparler”. L’évangile ne nous dit pas pourquoiilsveulentparler à Jésus, maispuisquesamèreestparmieux, nous pouvons imaginer quec’était important. Marie a eu un rôleessentieldans le plan du salut et elleestnotremodèled’obéissance à la volonté de Dieu, elle qui a dit: “Je suis la servante du Seigneur ;que tout se passe pour moiselon ta parole”. Nous voudrionstousimiter Marie danssafidélité à suivre la volonté de Dieu. Troismoyenspratiquespeuvent nous aider à discerner la volonté de Dieu pour nous:
• La direction spirituelle : trouver un accompagnateurspirituel qui peutservird’intermédiaire entre nous et l’Esprit Saint;
• La prière et les sacrements : une vie de grâce nous permet de percevoir plus facilement les inspirations de l’Esprit Saint et nous donnent la force et l’enthousiasme pour embrasserjoyeusement le plan de Dieu;
• Le sacrifice : Si nous souhaitonsêtre disciples de Jésus-Christ, nous devonsprendrenotrecroix pour le suivre. Apprenons à aimer en offrant des sacrifices par amour pour Dieuetnos frères.

L’Évangile se présente, d’emblée, surprenant: «Qui est ma mère?», Jésus demande. Il semble que le Seigneur emploie une attitude méprisante envers Marie. Certainement pas. Ce que Jésus veut laisser ici tout à fait clair c’est que devant ses yeux, la valeur décisive d’une personne ne demeure pas dans le fait de la chair et du sang, mais dans la disposition spirituelle d’accueil de la volonté de Dieu: «Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit: ‘Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère». Le Christ, par cette formule simple mais grandiose, nous assure que nous faisons partie de sa « famille ». Tout comme nous sommes des fils du Père par notre baptême en Jésus-Christ, nous sommes apparentés à lui quand nous faisons la volonté de son Père. Le Baptême ne purifie pas seulement de tous les péchés, il fait aussi du neophyte une création nouvelle, un fils adoptif de Dieu qui est devenu participant de la nature divine, membre du Christ et cohéritier avec Lui , temple de l’Esprit Saint …les baptizes participent au sacerdoce du Christ, à sa mission prophétique et royale … ils sont tenus de professer devant les hommes la foi que, par l’Église, ils ont reçue de Dieu, ils ont tenus aussi de participer à l’activité apostolique et missionnaire du Peuple de Dieu.
Comment savoir si nous faisons la volonté de Dieu? Dans un autre passage, Jésus nous dit: « Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père ». La volonté de Dieu s’exprime de bien des manières: par les commandements, les enseignements de l’Eglise, par notre vocation et nos engagements chrétiens, par notre réponse aux graces recues dans les sacrements, et notre réponse aux personnes que Dieu a placées en nos vies pour nous guider. Comment y répondons-nous? Si Jésus se détache de sa famille, ce n’est pas parce qu’il en est incompris et rejeté, mais parce qu’il ne peut permettre aucune prétention à son égard de la part de personne, ni des parents ni d’autres. Il appartient totalement au Royaume et à sa mission. C’est « faire la volonté de mon Père » – qui rend frères et mère: non pas seulement entre nous, mais à l’égard de Jésus. La figure du Père émerge, car l’élément décisif d’être de la famille de Jésus c’est de faire non pas sa volonté, mais celle du Père. Du reste, l’obéissance au Père est constitutive aussi de la filiation de Jésus, C’est dans l’obéissance totale au Père que Jésus réalise sa filiation. Ce qui estclair, c’est que la veritable dignité de Marie et des frères de Jésus ne consiste pas dans la familiarité, dans le caractère familial natif, elle reside précisément en ce qu’ils entendent la parole… Et Marie est la mère de toute écoute étant mère du disciple qui est essentiellement l’écoutant. Donc nous n’avons pas ici, un rejet de personne qui paraîtrait dur, mais une invitation à relire les liens christiques qui existent, qu’il y ait famille ou non. Cela ne dénie pas ces liens, et cela en outre nous oblige à ne pas penser père à partir de notre idée psychologique du père. Au contraire, l’idée authentique de Dieu Père devrait nous aider à relire ce qu’il en est de la paternité, et même de la paternité humaine.
En mettant ce texte de l’Evangile de Mattieu dans son contexte, nous voyons que, refusé par les autorités et abandonné par la foule, Jésus montre la présence de sa vraie communauté, celle des disciples, et il indique les conditions, offertes à tous, pour en faire partie. Les disciples forment une famille. La mention simultanée de la mère, des frères et des sœurs veut suggérer l’image d’une vraie famille. Jésus utilize l’image de la famille pour parler de l’Eglise. Une famille dans la quelle on entre par adoption du baptême.C’est à une famille que Jésus compare la communauté des chrétiens. La famille que Jésus envisage, c’est une famille qui accomplit le projet que Dieu a pour elle. C’est une famille qui fait la volonté du créateur. Or, et c’est tout l’enseignement de Jésus, la volonté de Dieu, c’est que le monde soit sauvé du mal. La responsabilité de l’Eglise, c’est d’annoncer ce sauveur. C’est d’amener les hommes et les femmes à se confier en lui. Le but de cette famille c’est donc, par conséquent, de s’agrandir. La force d’expansion de cette famille, c’est que de plus en plus de personnes placent leur confiance en Jésus de Nazareth, par lequel Dieu est intervenu pour sauver les hommes du mal. Et il n’y pas une méthode unique pour amener de nouveaux frères, de nouvelles sœurs à Jésus. Car tous les membres de la famille sont différents, ayant chacun leurs forces, leurs dons, leur charisme comme on dit dans l’Evangile. Certains sont doués pour aider, d’autres pour enseigner, d’autres pour organiser, d’autres encore pour nourrir, d’autres pour encourager ou pour protéger. Certains sont doués pour louer et remercier Dieu de tout ce qu’il fait. D’autres ont des capacités extraordinaires d’entrer en prière et même de guérir. C’est ce qui fait dire à l’apôtre Paul, que les membres de la famille de l’Eglise, sont comme les membres d’un corps. Dans un corps, il faut une oreille, un orteil, un cœur, un poumon, un œil, des cheveux, des genoux, un estomac, un nez, des doigts, et la liste est presque infinie. Or, ce corps, c’est le corps de Jésus sur la terre aujourd’hui. Autant il était présent en chair et en os durant 33 ans en Palestine, il y a 2000 ans, autant il est présent aujourd’huiau travers des membres de l’Eglise, au travers des membres de sa famille. Quel honneur et quelle responsabilité de pouvoir être un petit bout du corps de Jésus aujourd’hui, qui accomplit la volonté de Dieu sur la terre. Quel défi de faire partie d’une famille aussi disparate. Quel engagement ça demande, de faire partie d’une telle famille pour dépasser, surmonter, et transformer en bénédiction, toutes les frictions, les désaccords, les frustrations, les incompréhensions.

 

Mgr Célestin HAKIZIMANA

Evêque de Gikongoro